Our Jam Society

Jeudi 5 avril, plus qu'un jour avant mon deadline et je n'ai toujours pas
rédigé l'interview. Je me dirige en panique vers la G3 pour retrouver Georges
très concentré sur son échiquier. On s'éloigne du groupe et là je tire ma
feuille pour le mitrailler de questions.  

S > Salut Georges. Petite question classique : une question
 d'échauffement. Si j'ai bien compris, tu es élève en 1^ère6 et
donc en 1^ère scientifique. Comment arrives-tu à concilier les
lettres et les sciences, ces deux domaines qu'on croirait opposés ?

G > Je pense que la science et la littérature sont plus complémentaires
qu'opposés. Mais pour ma part, j'ai toujours préféré développer mon côté
littéraire plutôt que mon côté scientifique. Je suis donc plus attiré par
l'histoire et le français que par les maths et la bio, mais je ne peux pas
négliger ces matières qui sont quand même essentielles pour avoir de bons
résultats scolaires.

S > Et sinon, le fait de participer à tant de compétitions t'a-t-il
rendu plus combatif ?

G > Au contraire, je suis très pacifique

Là je fais la moue, pacifique ? Vraiment ? Remarquant cela il rit
en disant

G > N'essaie pas de m'influencer. Je reste sur ma position. La
compétition m'a quand même apporté beaucoup car non seulement elle m'a appris à
me dépasser mais elle m'a également appris à perdre. Or quand on apprend à
perdre, on apprend à gagner…

S> Avoue quand même que dans tous ces concours la chance t'a trop
souvent sourit que ce soit à la phase de sélection ou durant le concours en soi.
Enfin à ce niveau, il y a quand même un peu de talent qui entre en jeu…
Crains-tu que le succès te monte à la tête et qu'on te reproche d'être trop
prétentieux ?

G > Machiavel a dit : « Le hasard gouverne un peu plus de la moitié de nos actions, et nous dirigeons le reste. » Par exemple, pour le dernier concours (de
dissertation) auquel j'ai participé, j'ai eu un sujet qui m'intéressait :
les dictateurs. C'était le facteur chance qui entrait en jeu. D'autre part,
j'ai travaillé à me cultiver et là est mon mérite. Pour  répondre à la deuxième partie de ta question,
moi je trouve qu'il faut être réaliste et connaître aussi bien ses points forts
que ses points faibles. N'oublie pas de me mettre la citation de Machiavel,
cherche là sur internet.

S>   Compte sur moi. À ce sujet, pourquoi
as-tu tendance à te référer à des citations ou à des personnages célèbres pour
appuyer tes propos. Ne crois-tu pas que tes convictions aient assez de valeur en
elles pour exister indépendamment de l'opinion d'une personnalité ?

G> L'homme est le même, les résultats seront les mêmes, une autre
citation de Machiavel. Je ne fais qu'accepter l'héritage des anciens, des
grands hommes qui ont réussi. Il y a de belles choses qui ont été dites,
pourquoi ne pas en profiter et les exploiter pour créer de nouvelles
idées ?

À ce moment Gabriel arrive en G3, il s'installe près de moi, le temps
d'avoir terminé la1ère interview

S> En tant que sportif engagé, tu t'entraînes d'arrache-pied. Qu'est-ce
que le sport t'apporte sur les différents plans de ta vie ?

G > Moi je pense, que ce qui me différencie des autres bons élèves,
c'est le sport. Quand tu es devant un plongeoir et que tu vois que les autres
trembler,  tu réalises qu'ils n'ont pas
seulement peur de la compétition, ils ont aussi peur de toi et cela hausse
beaucoup ton estime en toi-même. Ensuite, le sport me permet de développer mon
corps et il est formidable de sentir chacun de ses muscles travailler et ne pas
faire fonctionner de façon exclusive son cerveau. J'aime savoir que je suis bon
dans les deux domaines, parce que c'est rare

S > Pourquoi as-tu choisi de privilégier la natation, en
particulier ?

G> Cela fait très longtemps que je pratique ce sport. Au début mes
parents m'y obligeaient et après progressivement j'y ai pris goût car je
gagnais souvent et on aime toujours le domaine où on est bon.

Là la machine à enregistrer s'arrête tout à coup. Affolée, je nous crois
obligée de tout recommencer. Bonne nouvelle, rien n'a été effacé. Néanmoins,
durant ce petit laps de temps une petite série de questions improvisées germent
dans mon esprit. Et près de moi, je vois le stress de Gabriel monter, ce sera
bientôt à lui de passer à la guillotine.

S > Quand on y pense bien on remarque que ta sœur et ton frère sont
également très bons élèves et très sportifs. Y aurait-il une recette spéciale
de potion magique bien gardée par votre famille ?

G > La base c'est l'éducation. Je connais des gens qui ont beaucoup
de potentiel inexploité, justement à cause d'une éducation trop permissive. Il
ne faut pas être égoïste quant à l'éducation et laisser ces enfants faire ce
qu'ils veulent en adoptant maintes prétextes erronés, il faut essayer de
les guider. Gibran a dit : « Vos enfants ne sont pas seulement
vôtres, ce sont ceux également les enfants de la vie ». Il faut savoir
aussi que ce qu'on leur offre aujourd'hui aura un impact sur le long terme. Ce
qui est également très important c'est les amitiés entre les frères et les sœurs.

S> Si on t'avait donné une plus grande marge de liberté aurais-tu été le
Georges Khalil que tu es aujourd'hui ?

G > J'ai fait des fautes, et mes parents ont peut être commis des
fautes à leur tour, mais je suis convaincu du résultat auquel je suis parvenu.
Mais on ne peut pas discuter de quelque chose qui n'est pas arrivé. Peut-on
affirmé que la deuxième guerre mondiale n'aurait pas eu lieu si Hitler n'avait
pas existé ? La seule chose dont je suis sûre c'est que j'ai du potentiel
et que mon éducation a permis d'exacerber mes talents.

S> Que voudrais-tu changer en toi pour atteindre ton idéal de
perfection ?

G> Je t'ai déjà dit, je ne regrette rien, même si j'ai pris de mauvaises
décisions, à un moment de ma vie je sais que c'est ce que je voulais faire. Je
pense qu'il faut avoir le courage de changer ce qu'on peut changer,
l'intelligence de distinguer ce je peux changer de ce que je ne peux pas
changer et la sagesse d'accepter de ce qu'on ne peut pas changer.